mercredi 6 janvier 2016

TRAVAIL PRATIQUE D’INTRODUCTION A LA SOCIOLOGIE

RECENSION DE L’OUVRAGE « LES NOUVELLES SOCIOLOGIES.
                                                      Entre le collectif et l’individuel »

I.                   INTRODUCTION
            Dans le cadre du cours d’introduction à la sociologie, il a été demandé à chaque étudiant de Licence 1 de présenter un petit résumé sur un ouvrage ayant trait à la sociologie. Au regard de l’intérêt  sur ce cours, nous avons choisi l’ouvrage dont voici la bibliographie:
CORCUFF Philippe, Les nouvelles sociologies. Entre le collectif et l’individuel. Paris, Armand Colin, 3ème édition, 2011, 126 pages.

II.                  PLAN DE L’OUVRAGE ET PRINCIPALES IDEES

 L’ouvrage se présente comme suit :
Introduction : De l’héritage philosophique au programme relationnaliste et au langage
                           Constructiviste
Chapitre I : Des structures sociales aux interactions
Chapitre II : Des interactions aux structures sociales
Chapitre III : construction des groupes et catégorisation sociale
Chapitre IV : Des individus singuliers, individualisés et pluriels
Postface aux 2è (2007) et 3ème édition (2011) : Des « nouvelles sociologies » déplacées
Bibliographie : Quelques textes de synthèse.

Nous avons plus exploité le premier et le deuxième chapitre en raison des orientations du cours de l’introduction  à la sociologie.
Dans l’introduction, l’auteur montre que les sciences sociales sont un héritage de la philosophie dont elles ont gardé les traces conceptuelles, en particulier les oppositions traditionnelles entre idéalisme et matérialisme, sujet et objet. Elles tendent à nous présenter le monde social de manière dichotomique par toute une série de couples de concepts comme matériel/idéel, objectif/subjectif ou collectif/individuel et nous invitent par ce fait à choisir un camp. Et pourtant quelques uns des concepts ont déplacé de telles oppositions routinisées, créant ainsi de « nouvelles sociologies ». Leurs proximités  ont pour but de les faire participer à un relationnalisme méthodologique.
Dans le premier chapitre sur Des structures sociales aux interactions, Philippe CORCUFF s’appuie sur trois principaux auteurs (Norbert ELIAS, Pierre BOURDIEU et Anthony GIDDENS) qui ont suscité un intérêt accru dans une communauté sociologique française qui était à la recherche de nouveaux passages entre l’objectif et le subjectif et/ou le collectif et l’individuel. Leur particularité réside dans le fait qu’ils accordent « une certaine prédominance aux structures sociales et aux aspects macro-sociaux de la réalité, tout en intégrant de façon variable les dimensions subjectifs et interactionnelles »[1].
Norbert ELIAS (1897-1990) est un pionnier actuel connu en France pour ses travaux de sociologie historique sur « le processus de civilisation » en Occident et pour avoir développé des enquêtes sur les groupes sociaux ou le sport. Dans sa critique de l’opposition classique entre individus et société, Elias s’appuie sur la philosophie du langage de Ludwig Wittgenstein. Pour Elias, ce sont des substances qui nous font apparaître que l’individu et la société sont deux choses différentes. « L’individu n’est pas appréhendé comme une entité extérieure à la société, ni la société comme une entité extérieure aux individus »[2]. Dans une perspective clairement relationnaliste, l’objet propre de la sociologie, pour Elias, ce sont des individus interdépendants.
Analysant le constructivisme structuraliste de Pierre BOURDIEU (1930-2002), Corcuff estime que Bourdieu a combiné de manière originale trois des « pères fondateurs » de la sociologie que l’on opposait avant lui : Karl MARX, Emile DURKHEIM et Max WEBER. Bourdieu est connu pour des travaux anciens sur les mécanismes scolaires de reproduction sociale. Il a aussi développé une œuvre multiforme, en veillant à ce que l’élaboration théorique ne soit jamais totalement détachée du travail d’enquête. C’est ce qu’il appelle le « constructivisme structuraliste ». Le plaçant à la jonction de l’objectif et du subjectif, Bourdieu définit le constructivisme structuraliste comme suit : « Par  structuralisme ou structuraliste, je veux dire qu’il existe, dans le monde social lui-même (…) des structures objectives indépendantes de la conscience et de la volonté des agents, qui sont capables d’orienter ou de contraindre leurs pratiques ou leurs représentations. Par constructivisme, je veux dire qu’il a une genèse d’une part des schémas de perception, de pensée et d’action qui sont constitutifs de ce que j’appelle habitus, et d’autre part des structures sociales, et en particulier de ce que j’appelle des champs »[3].  
Dans la double dimension de la réalité sociale, Bourdieu distingue un moment objectif et un moment subjectif ; mais il accorde la priorité à la dimension objective de la réalité sociale. Il y a une rupture épistémologique c.-à-d. une coupure entre la connaissance scientifique des sociologues et la « sociologie spontanée » des acteurs sociaux. Il définit l’habitus comme un « système de dispositions durables et transposables » c.-à-d. la façon dont les structures sociales s’impriment dans nos corps et nos têtes  par intériorisation de l’extériorité. Le champ est une sphère de la vie sociale qui s’est progressivement autonomisée à travers l’histoire autour de relations sociales, d’enjeux et de ressources propres, différents de ceux des autres champs. Chaque champ est marqué par des relations de concurrence entre ses agents[4].
Bourdieu a développé une sociologie de l’action (1972) qui inclut une sociologie réflexive – dans le sillage des philosophes Ludwig Wittgenstein et Maurice Merleau-Ponty – qui part d’une critique des théories intellectualistes. Pour lui, nous agissons dans un monde qui « impose sa présence, avec ses urgences, ses choses à faire ou à dire, ses choses faites pour être dites, qui commandent directement les gestes ou les paroles sans jamais se déployer comme un spectacle »[5].
La sociologie de Bourdieu est aussi réflexive car elle invite le sociologue à passer par un travail d’auto-socio-analyse afin de rendre sa recherche plus rigoureuse.
            Parlant du poids déterminant des structures objectives, Bourdieu estime que les interactions cachent les structures qui s’y réalisent et constituent l’actualisation de la relation conjoncturelle de la réalité objective.
            La sociologie de Pierre Bourdieu a connu plusieurs prolongements critiques notamment sur les structures de domination et pratiques populaires avec Claude Grignon et Jean-Claude Passeron, la plasticité des structures (sociologie des crises politiques de Michel Dobry) et vers d’autres rapports action/réflexivité.
A la différence d’Elias et de Bourdieu, l’œuvre du sociologue britannique Antony GIDDENS est surtout théorique. Giddens a essayé de combiner, au sens d’une théorie de la structuration, une double sociologie des structures sociales et de l’action. Pour lui, le concept de structuration vise d’abord à nous faire appréhender les structures sociales sous l’angle du mouvement. Guiddens le définit comme le « procès des relations sociales qui se structurent dans le temps et dans l’espace via la dualité du structurel »[6].
            Le deuxième chapitre porte sur Des interactions aux structures sociales. Philippe Corcuff analyse trois grands sociologues qui partent des individus et de leurs interactions et viennent prendre en compte des entités plus larges (institutions, normes, rapports de domination, classes sociales, etc.), qui deviennent contraignantes vis-à-vis des activités quotidiennes.
1.             La construction sociale de la réalité de Peter Berger et Thomas Ld’Alfred SCHÜTZ (1899-1959), initiateur de la « sociologie phénoménologique », dont ils sont étudiants. Ils élargissent la sociologie de la connaissance à la connaissance ordinaire. Pour eux, la réalité de la vie quotidienne contient des schémas de typification en fonction desquels les autres sont appréhendés et traités dans des rencontres en face à face. Dans cette perspective, la société comme production humaine est une réalité objective. L’homme est une production sociale.
2.                  L’ethnométhodologie d’Harold Garfinkel. Ce courant de la sociologie américaine a été amorcé dans les années 1960. C’est une sociologie cognitive s’intéressant aux procédés ordinaires de connaissance.
3. La sociologie des sciences et des techniques de Michel Callon et Bruno Latour. Pour eux en effet, « la construction sociale de la science inclut des facteurs, des dimensions et des niveaux fort hétérogènes que ne peuvent appréhender des visions épistémologiques qui prendraient comme des « données » la science, la vérité et la raison. La construction d’un fait scientifique ne renvoie donc pas seulement à un travail intellectuel et discursif, mais elle mobilise tout un ensemble d’autres pratiques ainsi que des techniques et des objets qui sont des matérialisations de débats antérieurs. »[7].
 Le chapitre 3 qui analyse la Construction des groupes et catégorisation sociale et 4 intitulé Des individus singuliers, individualisés et pluriels n’ont pas fait l’objet d’une analyse profonde de notre part.
III.              SYNTHESE DE L’OUVRAGE
Existe-t-il une opposition entre le collectif et l’individuel, entre l’objectif et le subjectif ? Telle est la grande question que se pose Philippe CORCUFF dans cet ouvrage qui a fait l’objet de notre recension.  En partant de l’opposition centrale en sociologie entre le collectif et l’individuel, cet ouvrage propose un tableau des manières renouvelées d’envisager le problème au moyen des notions de relations sociales et de construction sociale de la réalité, dans un dialogue avec la  philosophie. L’auteur répond à quelques questions majeures suivantes : comment passer des structures sociales aux interactions de face-à-face et vice-versa ? Comment analyser la formation des groupes et des catégories ? Comment rendre compte des individus singuliers et pluriels de nos sociétés individualistes ? Cette nouvelle édition fait état de l’amorce de nouveaux rapports entre la sociologie de l’action et la critique sociologique.

IV.              CONCLUSION
Nous remercions le professeur Joseph BAAMBE de nous avoir initié à cette pratique pour deux raisons :
·         Nous former à l’esprit de recherche scientifique individuellement ;
·         Ce travail a enrichi nos connaissances dans le domaine de la sociologie notamment sur les notions des structures sociales et des interactions.



[1] CORCUFF P., Les nouvelles sociologies. Entre le collectif et l’individuel. Paris, Armand Colin,  
                         3ème édition, 2011, p.21.
[2] Ibidem, p.22.
[3] Ibidem, p.26-27.
[4] Ibidem, p.29.
[5] Ibidem, p.32.
[6] Ibidem, p.44.
[7] Ibidem, p.62-63.

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