TRAVAIL
PRATIQUE D’INTRODUCTION A LA SOCIOLOGIE
RECENSION DE
L’OUVRAGE « LES NOUVELLES SOCIOLOGIES.
Entre le collectif et l’individuel »
I.
INTRODUCTION
Dans le cadre du cours
d’introduction à la sociologie, il a été demandé à chaque étudiant de Licence 1
de présenter un petit résumé sur un ouvrage ayant trait à la sociologie. Au
regard de l’intérêt sur ce cours, nous
avons choisi l’ouvrage dont voici la bibliographie:
CORCUFF Philippe, Les
nouvelles sociologies. Entre le collectif et l’individuel. Paris, Armand Colin,
3ème édition, 2011, 126 pages.
II.
PLAN DE
L’OUVRAGE ET PRINCIPALES IDEES
L’ouvrage se
présente comme suit :
Introduction : De
l’héritage philosophique au programme relationnaliste et au langage
Constructiviste
Chapitre I : Des
structures sociales aux interactions
Chapitre II : Des
interactions aux structures sociales
Chapitre III :
construction des groupes et catégorisation sociale
Chapitre IV : Des
individus singuliers, individualisés et pluriels
Postface aux 2è
(2007) et 3ème édition (2011) : Des « nouvelles
sociologies » déplacées
Bibliographie :
Quelques textes de synthèse.
Nous avons plus
exploité le premier et le deuxième chapitre en raison des orientations du cours
de l’introduction à la sociologie.
Dans
l’introduction,
l’auteur montre que les sciences sociales sont un héritage de la philosophie
dont elles ont gardé les traces conceptuelles, en particulier les oppositions
traditionnelles entre idéalisme et matérialisme, sujet et objet. Elles tendent
à nous présenter le monde social de manière dichotomique par toute une série de
couples de concepts comme matériel/idéel, objectif/subjectif ou
collectif/individuel et nous invitent par ce fait à choisir un camp. Et
pourtant quelques uns des concepts ont déplacé de telles oppositions
routinisées, créant ainsi de « nouvelles sociologies ». Leurs
proximités ont pour but de les faire participer
à un relationnalisme méthodologique.
Dans
le
premier chapitre sur Des
structures sociales aux interactions, Philippe CORCUFF s’appuie sur trois
principaux auteurs (Norbert ELIAS, Pierre BOURDIEU et Anthony GIDDENS) qui ont
suscité un intérêt accru dans une communauté sociologique française qui était à
la recherche de nouveaux passages entre l’objectif et le subjectif et/ou le
collectif et l’individuel. Leur particularité réside dans le fait qu’ils
accordent « une certaine prédominance aux structures sociales et aux
aspects macro-sociaux de la réalité, tout en intégrant de façon variable les
dimensions subjectifs et interactionnelles »[1].
Norbert
ELIAS (1897-1990) est un pionnier actuel connu en France pour ses travaux de
sociologie historique sur « le processus de civilisation » en
Occident et pour avoir développé des enquêtes sur les groupes sociaux ou le
sport. Dans sa critique de l’opposition classique entre individus et société,
Elias s’appuie sur la philosophie du langage de Ludwig Wittgenstein. Pour
Elias, ce sont des substances qui nous font apparaître que l’individu et la
société sont deux choses différentes. « L’individu n’est pas appréhendé comme
une entité extérieure à la société, ni la société comme une entité extérieure
aux individus »[2].
Dans une perspective clairement relationnaliste, l’objet propre de la
sociologie, pour Elias, ce sont des individus interdépendants.
Analysant
le constructivisme structuraliste de Pierre BOURDIEU (1930-2002), Corcuff
estime que Bourdieu a combiné de manière originale trois des « pères
fondateurs » de la sociologie que l’on opposait avant lui : Karl
MARX, Emile DURKHEIM et Max WEBER. Bourdieu est connu pour des travaux anciens
sur les mécanismes scolaires de reproduction sociale. Il a aussi développé une
œuvre multiforme, en veillant à ce que l’élaboration théorique ne soit jamais
totalement détachée du travail d’enquête. C’est ce qu’il appelle le « constructivisme
structuraliste ». Le plaçant à la jonction de l’objectif et du subjectif,
Bourdieu définit le constructivisme structuraliste comme
suit : « Par structuralisme ou structuraliste, je veux
dire qu’il existe, dans le monde social lui-même (…) des structures objectives
indépendantes de la conscience et de la volonté des agents, qui sont capables
d’orienter ou de contraindre leurs pratiques ou leurs représentations. Par
constructivisme, je veux dire qu’il a une genèse d’une part des schémas de perception,
de pensée et d’action qui sont constitutifs de ce que j’appelle habitus, et
d’autre part des structures sociales, et en particulier de ce que j’appelle des
champs »[3].
Dans
la double dimension de la réalité sociale, Bourdieu distingue un moment
objectif et un moment subjectif ; mais il accorde la priorité à la
dimension objective de la réalité sociale. Il y a une rupture épistémologique
c.-à-d. une coupure entre la connaissance scientifique des sociologues et la
« sociologie spontanée » des acteurs sociaux. Il définit l’habitus comme
un « système de dispositions durables et transposables » c.-à-d. la
façon dont les structures sociales s’impriment dans nos corps et nos têtes par intériorisation de l’extériorité. Le
champ est une sphère de la vie sociale qui s’est progressivement autonomisée à
travers l’histoire autour de relations sociales, d’enjeux et de ressources
propres, différents de ceux des autres champs. Chaque champ est marqué par des
relations de concurrence entre ses agents[4].
Bourdieu
a développé une sociologie de l’action (1972) qui inclut une sociologie
réflexive – dans le sillage des philosophes Ludwig Wittgenstein et Maurice
Merleau-Ponty – qui part d’une critique des théories intellectualistes. Pour
lui, nous agissons dans un monde qui « impose sa présence, avec ses
urgences, ses choses à faire ou à dire, ses choses faites pour être dites, qui
commandent directement les gestes ou les paroles sans jamais se déployer comme
un spectacle »[5].
La sociologie
de Bourdieu est aussi réflexive car elle invite le
sociologue à passer par un travail d’auto-socio-analyse afin de rendre sa
recherche plus rigoureuse.
Parlant du poids déterminant des
structures objectives, Bourdieu estime que les interactions cachent les
structures qui s’y réalisent et constituent l’actualisation de la relation
conjoncturelle de la réalité objective.
La sociologie de Pierre Bourdieu a
connu plusieurs prolongements critiques notamment sur les structures de
domination et pratiques populaires avec Claude Grignon et Jean-Claude Passeron,
la plasticité des structures (sociologie des crises politiques de Michel Dobry)
et vers d’autres rapports action/réflexivité.
A
la différence d’Elias et de Bourdieu, l’œuvre du sociologue britannique Antony GIDDENS est surtout théorique.
Giddens a essayé de combiner, au sens d’une théorie de la structuration, une
double sociologie des structures sociales et de l’action. Pour lui, le concept
de structuration vise d’abord à nous faire appréhender les structures sociales
sous l’angle du mouvement. Guiddens le définit comme le « procès des
relations sociales qui se structurent dans le temps et dans l’espace via la
dualité du structurel »[6].
Le deuxième chapitre porte sur Des interactions aux structures sociales. Philippe
Corcuff analyse trois grands sociologues qui partent des individus et de leurs
interactions et viennent prendre en compte des entités plus larges
(institutions, normes, rapports de domination, classes sociales, etc.), qui
deviennent contraignantes vis-à-vis des activités quotidiennes.
1.
La construction sociale de la réalité de Peter Berger et Thomas Ld’Alfred SCHÜTZ (1899-1959), initiateur de la « sociologie
phénoménologique », dont ils sont étudiants. Ils élargissent la sociologie
de la connaissance à la connaissance ordinaire. Pour eux, la réalité de la vie
quotidienne contient des schémas de typification en fonction desquels les
autres sont appréhendés et traités dans des rencontres en face à face. Dans
cette perspective, la société comme production humaine est une réalité
objective. L’homme est une production sociale.
2.
L’ethnométhodologie d’Harold Garfinkel. Ce courant de la
sociologie américaine a été amorcé dans les années 1960. C’est une sociologie
cognitive s’intéressant aux procédés ordinaires de connaissance.
3. La sociologie des sciences et des
techniques de Michel Callon et Bruno Latour. Pour eux en effet, « la
construction sociale de la science inclut des facteurs, des dimensions et des
niveaux fort hétérogènes que ne peuvent appréhender des visions
épistémologiques qui prendraient comme des « données » la science, la
vérité et la raison. La construction d’un fait scientifique ne renvoie donc pas
seulement à un travail intellectuel et discursif, mais elle mobilise tout un
ensemble d’autres pratiques ainsi que des techniques et des objets qui sont des
matérialisations de débats antérieurs. »[7].
Le chapitre 3 qui analyse la Construction des groupes et catégorisation
sociale et 4 intitulé Des individus
singuliers, individualisés et pluriels n’ont pas fait l’objet d’une analyse
profonde de notre part.
III.
SYNTHESE DE
L’OUVRAGE
Existe-t-il
une opposition entre le collectif et l’individuel, entre l’objectif et le
subjectif ? Telle est la grande question que se pose Philippe CORCUFF dans
cet ouvrage qui a fait l’objet de notre recension. En partant de l’opposition centrale en
sociologie entre le collectif et l’individuel, cet ouvrage propose un tableau
des manières renouvelées d’envisager le problème au moyen des notions de
relations sociales et de construction sociale de la réalité, dans un dialogue
avec la philosophie. L’auteur répond à
quelques questions majeures suivantes : comment passer des structures
sociales aux interactions de face-à-face et vice-versa ? Comment analyser
la formation des groupes et des catégories ? Comment rendre compte des
individus singuliers et pluriels de nos sociétés individualistes ? Cette
nouvelle édition fait état de l’amorce de nouveaux rapports entre la sociologie
de l’action et la critique sociologique.
IV.
CONCLUSION
Nous
remercions le professeur Joseph BAAMBE de nous avoir initié à cette pratique
pour deux raisons :
·
Nous former à l’esprit de recherche scientifique
individuellement ;
·
Ce travail a enrichi nos connaissances dans le domaine
de la sociologie notamment sur les notions des structures sociales et des
interactions.
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